J’ai hésité à appeler cette compétence « la rythmo »-vision » car la vision n’est rien au tennis sans les actions conséquences : reprise d’appui, déplacement, positionnement, préparation, respiration, frappe. Etudions donc cette compétence au sens large.
Visualisation de la balle en général
Roger Federer a (de mon point de vue) 2 points forts sur cette compétence :
• Visualiser très tôt la trajectoire de balle qui sort de la raquette de l’adversaire (point d’impact au sol , effet, vitesse….).
• Visualiser très tôt l’endroit où il va impacter la balle.
POINTS CLES : Regarder la balle avec les 2 yeux pour la visualisation en 3D. Pour cela, la tête détermine la rotation maximale des épaules. Ensuite il faut savoir « tracker » la balle avec les yeux en limitant au maximum la rotation de la tête pour la stabilité. La tête est au moment de la frappe, face au buste.
Exercice : fermer un oeil et tester sa vision sur le CD ou le revers.
Visualisation de l’impact dans la raquette de L’adversaire
La visualisation de l’impact permet de synchroniser la reprise d’appui. L’idéal étant de reprendre appui sur le pied externe au moment et dans le sens du déplacement. Cela favorise l’orientation des genoux. Pour être efficace, poser les pieds pour préparer la reprise d’appui quand la balle que vous venez de frapper rebondie de l’autre côté du terrain. A ce moment là, observer et préparer sa reprise d’appui.
Cette synchronisation est d’autant plus importante au service où le temps de réaction sera court. Assez vite au départ de la raquette de l’adversaire, déterminer si ce sera un coup droit ou un revers et avec quelle effet —–> calibrer sa prise de raquette et le sens de rotation des épaules. Rechercher ensuite la zone d’impact du service.
Exercices :
Utilisation d’un step quick pour amplifier cette reprise d’appui avec le coach qui lance une balle pour s’approprier le bon timing.
POINTS CLES : S’arrêter pour observer quand la balle rebondie du côté opposé.
Synchronisation de la reprise d’appui avec la frappe de l’adversaire.
Visualisation du rebond.
Rebond côté terrain de l’adversaire, pour être efficace, poser les pieds pour préparer la reprise d’appui quand la balle rebondie de l’autre côté du terrain. A ce moment là, observer et préparer sa reprise d’appui.
Rebond de notre côté, la visualisation de la trajectoire de la balle doit être anticipée grâce à la répétition. Sa visualisation ainsi que le rebond prévisionnelle de la balle va déterminer la qualité du pas1.
De manière général, il vaut mieux être les pieds au sol, quand la balle rebondie.
Cette visualisation doit permettre à la balle ensuite d’atteindre sa zone de frappe idéale, entre les hanches et les épaules sur le plan vertical et devant le torse sur le plan horizontal.
Balle Montante ou descendante ?
Rapidement décider si vous allez frapper la balle montante ou descendante. Il faut savoir maîtriser les 2 car il y a des avantages partagés. Dans tous les cas, visualiser à l’impact la position de la balle par rapport à son rebond.
Avantage de frapper la balle montante :
• permet de prendre du temps à l’adversaire,
• permet d’utiliser l’énergie de la balle pour la restituer dans l’autre sens (pratique pour les amorties, par exemple ou bien le slice),
• Enfin, permet de frapper la balle plus à plat puisque l’angle avec la raquette relance la balle vers le haut donc dans le bon sens pour passer le filet.
Avantage de frapper la balle descendante
• Permet d’avoir plus de temps pour s’organiser,
• permet à la balle de perdre son énergie pour mieux la contrôler,
• permet d’imprimer davantage de lift à la balle grâce à la trajectoire descendante de celle-ci par rapport au tamis.
POINTS CLES : La qualité du pas1 dépend de la qualité de visualisation du rebond.
Visualisation de l’impact dans sa raquette.
POSITION DE LA TÊTE
Suivant l’oeil directeur et la rotation préférentielle de la tête (voir chapitre latéralité), le risque est bien que l’autre oeil perde la balle de vue.
Sur le coup droit ci-dessus, une rotation pas assez prononcée de la tête et c’est l’oeil gauche (oeil directeur chez RF) qui perd la balle de vue. La tête est donc davantage tournée sur l’épaule droite. Cela favorise aussi la stabilité des épaules.
Sur le revers, poser l’oeil gauche (directeur) sur la balle permet de s’assurer que l’oeil droit garde aussi le visuel. La tête est donc pratiquement perpendiculaire avec les épaules.
Exercice : fermer un oeil et tester sa vision sur le CD ou le revers et remarque la position de sa tête par rapport aux épaules.
Maintenant, nous verrons dans le chapitre qui traite du transfert d’énergie que la tête étant lourde, un bon transfert se traduit naturellement par un alignement de la tête face à l’impact… à condition de ne pas générer soi-même une tension au niveau du cou.
REGARD A L’IMPACT
Il y a plusieurs paramètres à prendre en compte :
• Il est plus facile de regarder un object massif en mouvement frapper un petit object que l’inverse.
• Il est difficile d’avoir en même temps la tête, les yeux, la balle, la raquette qui bougent et de demander à son cerveau de coordonner tout cela.
• Il faut savoir que l’impact dure 5ms soit une visualisation nette de la balle impossible.
• La tête se place naturellement dans le sens de l’accélération du corps (comme pour la course par exemple)
• Enfin, seule la raquette est en lien avec le corps avant l’impact.
La solution :
1) Juste avant la frappe, laisser la tête tourner légèrement de la balle vers l’impact grâce au transfert du corps. A l’impact garder la tête fixe, perpendiculaire aux hanches pour voir la balle avec les 2 yeux.
2) Basculer son regard focalisé sur la balle vers une cible « invisible » fixe représentant le point d’impact et amener la raquette sur cette cible au moment où la balle y passe.
3) Avancer le CG vers la balle et la tête se placera naturellement face à la frappe (sauf tension),
Ainsi le cerveau doit apprendre par la répétition à regarder la raquette frapper la balle au travers d’une cible fixe et invisible représentant l’impact voulu.
Cette technique donne à Roger l’illusion qu’il regarde la balle à travers le tamis et une position de tête sur le coup droit unique.
Quelle la cible au tennis ?
Au basket par exemple, le joueur regarde le panier et non pas le ballon avant le lancer. De plus, sa tête est stable et ne bascule pas du ballon au panier. Le joueur visualise la trajectoire du ballon avant de lancer ce qui fait que les meilleurs joueurs arrivent à marquer les yeux bandés.
Au tennis, la cible n’est pas l’endroit où l’on veut placer la balle mais la balle elle-même. Par analogie, la raquette (en contact avec la main) c’est le ballon du basketteur et le panier, la balle de tennis. Aligner parfaitement les 2 et c’est l’objectif atteint d’une frappe parfaite qui conduira à une trajectoire voulue.
Ensuite, la trajectoire de la balle souhaitée est une représentation mentale qui faut savoir anticiper avant la frappe. Comme la tête doit rester fixe, on ne pourra pas observer avec ses yeux où part la balle. Par la répétition, cette représentation mentale sera de plus en plus claire comme RF doit l’appréhender. A ce titre, le tennis se rapproche plus du golf que du lancer de balle dans d’autres sports comme le handball ou le basketball. Alors, avez-vous l’attitude du basketteur ou du golfeur au tennis ? Personnellement, c’est un réel axe de progrès pour garder la tête stable.
Exercice possible : fermer les yeux juste avant l’impact jusqu’à la fin du mouvement et annoncer à son partenaire la zone visée.
POINTS CLES : Position de la tête à l’impact, immobile et perpendiculaire aux hanches, elles-mêmes face à la l’impact.
fixer ses yeux juste avant le contact sur l’impact voulu.
Voir la raquette approcher la balle et ensuite visualiser seulement la trajectoire souhaitée comme sur la video ci-dessous.
Centrage de balle
Même en regardant la raquette frapper la balle, on peut avoir « habitué » son cerveau à frappé la balle en décentrage. Il est nécessaire de re-conditionner son cerveau à une bonne sensation kinesthésique en accentuant par une sensation inverse. Pour cela, si on frappe en bout de raquette, essayer de frapper avec le coeur de raquette et normalement la balle sera au centre et réciproquement. L’utilisation d’une balle fixe (topspin trainer) peut aider à sentir la sensation de la balle dans la raquette.
Points clés: identifier le défaut de centrage et exagérer la sensation dans l’autre sens.
USURE DES CORDES SUR BALLES CENTREES (légèrement en partie haute de tamis).
POSITION SPECIFIQUE DE TETE DE FEDERER SUR LA BALLE
Cette position caractéristique répond à plusieurs objectifs :
• Favoriser la décélération du buste dans sa rotation avant l’impact.
• Se placer dans le sens de l’accélération du CG, soit face à l’impact,
Regarder la raquette à l’impact avec les 2 yeux et surtout l’oeil directeur.
Stabiliser la frappe en stabilisant la tête et en ne suivant la balle qu’avec les yeux.
Un position plus relâchée de la tête alignée avec le buste.
POSITION SPECIFIQUE DE TETE DE FEDERER SUR LE COUP DROIT
Juste avant l’impact, la tête tourne un peu pour passer de la balle à la zone d’impact souhaitée, face au buste.
Menton sur épaule gauche à la préparation
Epaule droite qui avance au menton à l’impact
Tête qui suit l’ épaule arrière à la finition.
Les yeux suivent la balle sans mouvement de la tête (dissociation).
POSITION SPECIFIQUE DE TETE DE FEDERER SUR LE REVERS
Juste avant l’impact, la tête tourne encore un peu pour passer de la balle à la zone d’impact souhaitée et surtout perpendiculaire au buste.
Menton sur épaule droite à la préparation
Alignement des épaules avec la tête au déclenchement et à l’impact
Les yeux suivent la balle sans mouvement de la tête (dissociation).
La visualisation est différente sur ce coup par rapport à ceux de fond de court.
Initialement, La zone et la trajectoire de la balle sont mémorisées clairement dans sa tête. Le corps se prépare à la réalisation de l’objectif.
Au Service, RF fixe son adversaire le plus longtemps possible et il ne regarde la balle qu’au moment du lâcher.
Le regard se porte vers la zone d’impact plutôt que sur le mouvement de la balle. La tête est verticale et non pas inclinée vers l’arrière comme cela pourrait se faire par l’inclinaison des épaules. La tête est donc collée sur l’épaule avant à vouloir « embrasser le biceps ».
Jusqu’à la position trophée, les yeux vont toujours regarder la balle « derrière » le bras de lancer.
A la frappe, la tête reste sur la balle mais moins longtemps que sur le coup droit.
RF a quand même aussi quelques faiblesses de temps à temps à l’échauffement…
Synthétisons ici les actions associées à la vision.
La balle rebondit dans le camp adverse.
Pose des pieds pour préparer la reprise d’appui et visualiser les intentions de l’adversaire.
La balle part de la raquette adverse
Reprise d’appui et déterminer si ce sera un coup droit ou un revers pour orienter le corps. Déplacement.
La balle rebondit de son côté
Pose des pieds. Positionnement. Inspiration. Visualisation de la trajectoire souhaité.
La balle arrive dans la zone d’impact
Déclenchement de la frappe avec expiration.
Après la fin du geste se replacer en cherchant la balle quittée des yeux et se replacer.